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Sauvons notre Patois, Parlons Picard en famille...Bertrand COCQ 1/3

 

 

Sauvons notre patois, parlons picard en famille…

avec Bertrand Cocq (1/3) 

« Avec qui parle-t-on le patois sans gêne ? Seulement avec ceux qu’on aime. » C’est avec cette phrase, servie sur un plateau, que Bertrand Cocq nous a fait craquer ! Parce que oui, le patois de chez nous, le picard, est en voie de disparition…   Mais rien de tel qu’un repas en famille pour échanger quelques mots. 
Calonne-Ricouart.
« Ché pas bio d’parler patois ! Souvent, on a dit que le patois était quelque chose de vulgaire. Que le seul moyen de s’élever socialement, c’était de l’oublier et de parler français. » Pourtant, il n’y a rien de vulgaire dans le patois. Il suffit d’écouter Bertrand Cocq déclamer ses textes pour en savourer le rythme, le charme, la poésie…
Toute la famille  parlait picard. Ma grand-mère maternelle ne savait même pas parler français. Moi, je dis que  je suis bilingue! Mais j’avoue que je réfléchis en patois. 
Il faut dire que l’artiste patoisant de Calonne-Ricouart est tombé dans la marmite (« queut dins l’cocotte », dira-t-on) quand il était petit. « Toute la famille parlait picard. Ma grand-mère maternelle ne savait même pas parler français. Moi, je dis que je suis bilingue ! Mais j’avoue que je réfléchis en patois. Avec ma femme, on se parle en patois. Et quand quelqu’un fait une connerie sur la route, c’est en patois que je l’engueule ! », explique-t-il dans un français évidemment impeccable pour l’instit’ qu’il était.
« Le patois va disparaître »
C’est peut-être plus facile, quand on a baigné dedans, de l’aimer le patois. Mais c’est sans doute parce que plus personne ne baigne dedans qu’il se meurt. « J’ai bien conscience qu’un jour, le patois va disparaître. Les gens le parlent de moins en moins. Certains le comprennent encore mais le pratiquer, c’est autre chose. Nous, on est des dinosaures ! » Pourtant, Bertrand Cocq, plus amoureux que porte-étendard du « parlache » de chez nous, ne se résigne pas. « En même temps, à nos spectacles, y’a encore beaucoup de monde dans la salle. Ils nous disent que l’on fait remonter à la surface des mots qu’ils avaient oubliés. Et quand on a fait des vidéos pendant le confinement (avec Léon et Gérard), ça a eu un succès fou. Y nous faudrait un autre confinement ! », sourit celui qui se rend bien compte qu’il y a une attente, une écoute, une appétence pour cette langue d’ici, qui fait nos racines communes.
Parce que, c’est évident, notre patois rime avec « amitié, convivialité, nostalgie, tendresse, sympathie… Ce que l’on fait, nous, c’est de montrer que parler patois, ce n’est pas honteux. Ça a une vraie valeur culturelle. » Alors, in s’y mettrot pas ?
 
 
 
Enquète;de Anne-Claire Guilain pour La Voix du NORD


22/12/2022
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